Je l'aime

Il ouvrit les yeux, le soleil était levé ; devant lui, il la voyait, il voyait sa nuque, ses cheveux blonds descendaient jusqu'au matelas. Elle était belle, il l'aimait, il ne voyait pas ce que ça pouvait être d'autre, il devait l'aimer. Il dormait encore un peu, il se souvenait encore de son rêve, mais il avait ouvert les yeux, alors son rêve, immanquablement, allait s'en aller, il était déjà parti, il ne parvenait même plus à identifier les personnages, il ne se souvenait plus de la situation. Il ne comprenait pas, il ne comprenait jamais pourquoi il lui était impossible de se souvenir de ses rêves, il lui semblait que pour se souvenir de son rêve, il devait reprendre conscience avant de se réveiller et penser à ne pas ouvrir les yeux, alors, il pouvait se remémorer son rêve et de ceux-là, il en gardait un souvenir durable. Ainsi il se souvenait avoir rêvé de voler, ces rêves étaient fabuleux, il contrôlait réellement son vol et ce mode de transport lui semblait alors totalement naturel ; Il avait rêvé d'elle, des tas de fois, avant même de la connaître. Mais là, il ne parvenait pas à se souvenir de son rêve, cela l'agaçait un peu mais bon, il décida de refermer les yeux, après tout son rêve allait peut-être pouvoir reprendre là où il s'était arrêté.

Elle dormait encore, elle était fatiguée ; en tout cas, elle le paraissait la veille. Marcher auprès de lui, passer un peu de temps avec lui avait été agréable et puis il semblait tellement content. Mais elle était fatiguée et hier soir, elle n'avait pas pu résister à fermer ses paupières, à se laisser aller, c'était si agréable, elle pouvait enfin oublier un peu tout le reste. Elle s'était installée entre ses bras. Un instant, elle crut l'entendre dire quelque chose mais elle ne pouvait plus lutter, elle s'était endormie.

Il se souvint que la veille, lorsqu'ils s'étaient couchés, il lui avait dit "Je t'aime", il ne se souvenait que de ça, il se demandait même si elle l'avait entendu tant elle paraissait fatiguée. Impossible sinon de retourner dans son rêve, il ne pensait plus qu'à ça, qu'à ces trois mots, c'était réellement comme s'il les eut pensés si fort que sa bouche les avait prononcés sans qu'il ne l'ai voulu consciemment. Et ce n'est pas parce que tout ceci est écrit sur un bout de papier que ce n'est pas vrai, cela s'était vraiment déroulé ainsi. Il s'était rendu compte à ce moment-là, précisément, lorsque sa bouche s'était ouverte, que oui, il l'aimait vraiment, sincèrement, passionnément, plus que tout. Il ne voulait pas simplement qu'elle soit heureuse, il voulait la rendre heureuse lui-même. Il rouvrit les yeux et la regarda à nouveau. Le drap ne laissait de découvert que son épaule, blanche, fine, douce, courbe, mais il connaissait le reste, il savait qu'elle était superbe, il se demandait toujours pourquoi une fille aussi superbe qu'elle l'avait choisi lui, il n'était pas à proprement parler quelqu'un ni de fin ni de léger, ne se trouvait rien de spécial, il ne comprenait pas, il ne voulut pas chercher beaucoup plus longtemps ; il se rapprocha d'elle, passa son bras autour d'elle, frôla son sein et serra sa main.

Elle se réveillait, elle n'avait pas encore ouvert les yeux et senti une main serrer la sienne, elle la serra parce qu'elle savait que c'était la sienne. Elle se souvenait de son rêve, elle souriait en y repensant. C'était agréable. Elle le sentait tout contre elle, elle se sentait bien. Elle serra sa main un peu plus, et ouvrit doucement les yeux, il faisait déjà clair. Elle avait chaud, elle se sentait vraiment bien. Elle voulait le voir, s'assurer que c'était vrai, qu'elle avait dormi avec l'homme qu'elle aimait. Chaque fois elle ressentait un tel plaisir à ce qu'il soit la première personne qu'elle voyait de la journée. Elle se retourna, doucement, pour ne pas risquer d'étirer un membre, elle voulait rester ici dans ce lit un moment encore.

Il la sentit bouger, elle lâcha sa main et il leva son bras pour la laisser se retourner puisque c'est ce qu'elle semblait vouloir faire. Lorsqu'elle fut retournée, elle replia son bras vers sa tête et reposa sa tête sur le côté, doucement. Elle le regardait et souriait. Il se demandait ce qu'elle pouvait bien penser à cet instant précis.

Elle n'avait donc pas rêvé, elle avait bien dormi à ses côtés, elle s'étonnait que si peu puisse lui faire tant plaisir. Elle mima un bonjour et il le lui rendit, souriant, d'un mouvement de la tête comme il avait l'habitude de le faire et comme elle aimait tant qu'il le fasse.

Puis ils se regardèrent, elle regardait sa barbe qui avait légèrement poussé, elle regardait ses sourcils, ses yeux qui la regardaient ; il regardait ses yeux, sa bouche qui lui avait dit bonjour, son visage tout entier, fin, clair, marqué de ses yeux bleus, ses cheveux clairs, son cou, il ne voyait pas beaucoup plus bas, il lui aurait fallu baisser la tête et il était trop bien pour se décider à le faire. Elle l'aimait, elle le savait, on sent ces choses-là, elle s'approcha de lui, déposa ses lèvres sur les siennes, l'embrassa longuement, il la prit dans ses bras, la caressa, ils pivotèrent et elle se retrouva sur lui, ils s'embrassaient, marquaient une pause, se regardaient, toujours sans rien dire, il laissa ses mains parcourir son dos, ses reins ; elle le caressait elle aussi.

Ils firent l'amour.

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