Le n°6 n'existait pas

Et pourtant, six jours après le six milliardième homme, six heures après son réveil, tout pouvait encore bien tourner.

Cela serait juste bien entendu, mais il pouvait encore s'en sortir, c'était son dernier espoir mais il semblait sérieux. Cet homme s'il existait, et il devait exister, allait l'aider. Pourquoi ? Pas pour rien bien sûr, il y avait un salaire, mais tellement ridicule devant ce qui l'attendait autrement. Finalement, il se rendait compte qu'il était près à tout accepter, pratiquement. S'il s'en sortait, si tout cela marchait, cela n'avait pas de prix, cela valait tout ce qu'il avait, et bien plus encore.

Il se disait que... il se mit en route, il descendit les escaliers. Arrivé au pied de l'immeuble, il regarda autour de lui, des gamins jouaient à un bout de la rue, la vie qu'il voyait dans cette rue lui paraissait étrangère maintenant. Il se dirigea vers l'arrêt de bus. Le bus passa à cet instant, il monta dedans et paya son ticket, ce n'était pas le moment de se faire remarquer se disait-il. De toute façon, c'était trop tard, ils le suivaient déjà. Il s'assit coté conducteur, contre la fenêtre. Le froid repoussait les gens dans leurs manteaux mais la lumière restait étrangement abondante. "Drôles de gens" se dit-il, "ils ne se doutent de rien, tant mieux, pour tout le monde". Il descendit à Jaurès, de là il ne lui restait qu'une ou deux minutes de marche. Les rues qu'il prenait lui semblaient vides. Arrivé dans la rue, il sortit le petit papier qu'on lui avait donné et vérifia une dernière fois l'adresse où il devait retrouver ce M. Paul : 6 rue de l'ancien lavoir. Il chercha en vain, les autres étaient déjà là.

Haut de page