Je vis des choses incroyables

gdong, blonk, druiuiuiuiui ou encore stonp sont les sons que je m'attends à entendre infailliblement chaque fois que je passe le revers du badge que l'on me confie à l'endroit où je travaille me rends chaque jour de la semaine sur les petits boîtiers en plastique blanc. Ce doux bruit est d'ailleurs généralement accompagné d'un sourire du-dit boîtier, sourire qui se compose d'une charmante petite diode électroluminescente de couleur verte s'allumant l'espace d'une seconde et qui s'éteint ensuite me laissant le sentiment qu'une bonne journée m'était souhaitée. Le problème est que ce sourire, à force de le voir trop souvent, on en vient à penser qu'il est totalement artificiel et on se met à l'ignorer. Il faut que je vous précise que au delà de cette relation qui s'établit ainsi entre l'homme et la technologie, cet échange permet d'actionner des électro-aimants et d'ouvrir des portes. J'en compte quatre au minimum par jour mais je pencherais pour une moyenne de dix en fonctions des déplacements que mon travail activité m'amène à faire.

Seulement, figurez-vous, chers lecteurs impatients, que le système de fermeture associé à l'un de ces boîtiers a été remplacé récemment par un nouveau modèle d'électro-aimant. Plus gros. Plus voyant. Plus moche. En installant ce nouveau dispositif, les techniciens qui s'en sont chargés ne se rendait sans doute pas vraiment compte du vent de révolution qu'ils étaient sur le point de libérer. Aujourd'hui, lorsque je passe le badge sur le petit boîtier électronique : pas un bruit. Rien. Un silence de mort. Le réflexe est donc de repasser le badge et d'entamer un mouvement de va-et-vient frénétique pour pouvoir ouvrir cette porte bordel de merde. Sauf que. Oui, sauf que la porte est bien ouverte, déverrouillée. Et cela sans un bruit. Pas un gdong, ni même un blonk et encore moins un druiuiuiuiui. Un simple clont serait le bienvenu, à la limite un genre de sruig ou un trung. Mais là rien. On passe le badge et la porte est ouverte, il n'y a plus qu'à pousser. Et on se dit qu'il va falloir se remettre à observer attentivement le sourire du boîtier pour savoir où l'on en est.

Vous voyez comme ma vie est trépidante et mon boulot activité quotidienne débordante ?

Sinon, hier au soir (oui j'aime bien dire hier au soir plutôt que hier soir, ça fait plus classe), hier au soir donc j'ai vu Good night, and good luck. C'est très bien. Vraiment. Mais je suis un peu partagé entre la déception d'avoir vu ce film coupé par une coupure d'électricité et une minute en version Muet Sous Titré pour cause d'image rallumée et de son pas rallumé et la joie d'avoir récupéré pour la peine deux invitations pour aller voir n'importe quel autre film..

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