Je ne prendrai plus les escaliers

Dans un élan de courage inhabituel, j'ai, il y a quelques heures, emprunté l'escalier pour faire le trajet Troisième étage -> Premier étage. Je précise que j'ai un badge d'accès aux locaux me donnant normalement accès à ces deux niveaux.

Quelle ne fut donc pas ma surprise quand arrivé deux étages plus bas je ne pu ouvrir la porte, le lecteur de badge (dont la technologie fait partie des divers sujets qu'aborde mon métier mais qui ne nous intéresse pas là, ne nous égarons pas...), le lecteur de badge donc, ne répondant pas à l'invocation de mon badge et me laissant donc là, égaré le cul entre deux étages. Ni une ni deux, je descend d'un étage supplémentaire en me disant que j'aurais bien l'autorisation d'ouvrir la porte du Rez-de-Chaussée (qui est en fait un bon mètre cinquante au dessus de celle-ci, mais une fois de plus ne nous égarons pas...) et de me rendre dans le hall d'accueil.

Que nenni! La porte ne s'ouvrit pas et je soupçonne d'ailleurs qu'elle ne donnât pas sur le dit hall d'accueil mais c'est une chose que je me dit plus tard, un peu trop tard... Je me retourne et me trouve alors devant une porte à poignée anti-panique, le genre de poignée que l'on pousse quand on est paniqué (et souvent pressé de quitter un lieu) et qui permet quand même d'ouvrir la porte (alors que reconnaissez que sur une poignée classique, le fait de pousser dessus ne permet pas grand chose). Connaissant ce genre de porte, je pousse la poignée sans paniquer, je m'avance en gardant un bras tendu pour empêcher la porte de se refermer et je constate que d'autres portes sont là : deux vitrées pour sortir dehors (dans un lieu qui m'est inconnu), une dernière opaque qui donne sur un espace que je ne peux voir étant donné que cette porte est opaque. Vous suivez ?

Je me lance, je lâche la première porte à la poignée anti-panique, et ouvre la porte opaque pour y voir derrière. Un couloir. Un couloir et un coude à un mètre cinquante de là. Autant dire que j'y vois pas bien loin. Je m'avance donc et découvre ce qu'il y a derrière ce coude. Un escalier qui descend. Cool. Descendons. Un étage plus bas, une porte avec un joli Porte sous alarme sonore. N'utiliser qu'en cas de sortie de secours et, chose qui va vous surprendre, une belle poignée anti-panique. Bon. Un étage plus bas, la même porte. Enfin le même message plutôt, vous aurez compris que la porte n'a pas descendu un étage en même temps que moi, c'est juste le même modèle, peint de la même couleur, fermée de la même façon et avec le même message... Bref. Un étage plus bas encore (on est trois étage sous terre si vous suivez bien), même porte, même message. J'ai poussé jusqu'au niveau suivant, mais pas en dessous. En effet, arrivé au quatrième sous-sol, je me suis posé la question Et si ça continuait comme ça sans fin ?. Ça a peut-être l'air bête cette question mais on se demande alors à quoi ça sert d'aller un cran plus bas, si c'est pour trouver la même porte, je n'aurais pas la réponse pour autant, si c'est un cul de sac, je devrais remonter. Que faire alors ?

Eh bien je suis remonté au Rez-de-Chaussée (qui était toujours un environ demi-étage au dessus), je suis retourné voir ces deux portes vitrées. Là, je ne saurais trop vous dire pourquoi je n'ai pas observé plus longtemps mais je pense que ça n'aurait rien changé. Peut-être que ces deux portes sans message me disant que cela allait sonner si je tentais le moindre mouvement un peu brusque me tendant leur poignées anti-panique et moi-même commençant à légèrement paniquer, j'ai déconnecté mon cerveau et j'ai poussé la porte vitrée de gauche. Et là, mes oreilles n'étaient pas déconnectées et ont bien entendu la sirène se mettre en route, j'ai prestement refermé derrière moi, la sirène s'est arrêtée. Ouf.

Dehors, la pluie, je me dirige rapidement vers les gens que je vois quelques dizaines de mètres plus loin, je longe les cuisines d'un restaurant collectif d'entreprise, j'enjambe deux chaines rouges et blanches, je me fond dans la foule (quatre fumeurs tassés sous un préau minuscule), je pénètre dans le bâtiment attenant et m'attends à reconnaitre le hall d'accueil tant recherché.

Toujours pas. Damned dirais Jack Bauer, je ne ferais que prononcer un Humpf intérieur... Le problème, c'est que je ne reconnais pas le logo posé un pu partout sur les murs non plus, il ne correspond pas à celui qui est imprimé sur mon badge (dont la technologie fait partie des divers sujets qu'aborde mon métier mais qui ne nous intéresse pas là, ne nous égarons pas... Tiens je reconnais ce passage, je dois radoter...). Je cherche, je cherche des repères, je cherche une issue à cet espace où je me trouve, j'aperçois des tourniquets fonctionnant grâce à l'apposition de badges dits sans contact sur des lecteurs dits sans contact également (on essaye d'être un poil cohérents dans mon métier), je tente d'y apposer le mien (de badge), sur celui-ci (de lecteur).

Et non. La fatale petite LED rouge qui clignote. Ça ne marche pas. Je tend le cou et aperçois le comptoir d'accueil et ses hôtesses, je fais un signe et demande qu'on m'ouvre, on m'ouvre, je dis que mon badge ne marche pas. Surprises, les hôtesses demandent à voir mon badge et découvrent avec effroi cette tragique différence de logo. Je leur raconte mon aventure (un peu plus court qu'à vous, j'avais un hall d'accueil à retrouver), je m'excuse de ma présence en ces lieux, je me dirige vers la sortie, je me taille. Dehors, à nouveau, dans la rue (mais un mètre cinquante au dessus d'elle), je regarde à droite, puis à gauche et là je vois à cinquante mètres de moi environ l'entrée du bâtiment dans lequel je suis rentré le matin. Soit.

J'y cours (il pleut toujours). Je me retourne, ils font des sous-marins dans ce bâtiment que je quitte, je retourne faire des badges.

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